Depuis 2020 à vos côtés
Comment gérer une envie de pleurer au travail ?

Comment gérer une envie de pleurer au travail ?

Publié le November 17, 2025

Une remarque sèche, un dossier qui explose, un client qui s’emporte et soudain les larmes montent. L’envie de pleurer au travail reste un immense tabou, alors même qu’elle concerne une majorité de salariés. Pourtant, ce moment où la gorge se serre et où la vue se brouille n’est pas un caprice émotionnel : c’est souvent le dernier étage d’un système d’alerte que notre corps active lorsque plus rien ne va. Alors, que révèle réellement cette envie de pleurer ? Comment la gérer sans honte, sans culpabilité, et sans y voir un signe de faiblesse ? Et surtout, comment empêcher qu’elle ne se répète ?

Pourquoi a-t-on envie de pleurer au travail ?

Contrairement à une idée tenace, pleurer n’est pas un acte irrationnel. C’est un réflexe physiologique qui apparaît lorsque notre organisme tente de compenser une accumulation de tensions. Le travail, lieu d’exigence constante, de relations complexes et d’évaluations permanentes, crée un terrain propice à ce débordement.

Beaucoup de salariés décrivent la même montée progressive : la respiration change, la gorge se noue, les joues chauffent, les yeux picotent. Ces signes annonciateurs ne surgissent pas au hasard. Ils révèlent la présence d’une émotion refoulée, parfois depuis des semaines. Les enquêtes montrent d’ailleurs que l’on pleure rarement pour un seul événement : c’est plutôt l’ensemble du contexte professionnel ; pression, fatigue, conflits, charge mentale ; qui mine la résistance émotionnelle.

Au-delà des facteurs visibles, il existe aussi des éléments plus subtils : la peur d’être jugé, le sentiment d’injustice, l’impression de ne plus avoir de contrôle sur les choses. Pleurer est alors une manière, malgré soi, de dire « j’en peux plus ».

Ce qui déclenche réellement l’envie de pleurer au travail

On évoque souvent des causes classiques : surcharge de travail, remarques blessantes, tensions avec un supérieur, harcèlement, clients agressifs, difficultés personnelles, nuits trop courtes, stress chronique. Mais une dimension manque souvent : la synchronisation émotionnelle imposée par le travail.

Dans un environnement professionnel, chacun ressent en permanence les émotions des autres : irritation d’un manager, anxiété d’une équipe sous pression, déception d’un client, tension générale lors d’une période difficile. Cette absorption involontaire, surtout chez les profils empathiques ou hypersensibles, augmente drastiquement le risque de craquer, même lorsque la situation immédiate paraît mineure.

Ainsi, ce ne sont pas seulement nos propres émotions qui nous débordent, mais souvent celles que l’on porte pour les autres.

Pourquoi le milieu professionnel juge encore si durement les larmes ?

Bien que pleurer soit l’un des comportements les plus universels qui soient, il reste socialement mal vu. Le monde du travail associe volontiers les larmes à la perte de maîtrise, à un manque de professionnalisme, voire à une infantilisation. Cette perception, héritée de normes anciennes, crée un double stress :

  1. vivre l’émotion,
  2. lutter contre la honte de l’exprimer.

Cette double contrainte explique pourquoi certaines personnes ressentent un malaise encore plus intense après avoir pleuré. Elles ont peur que leur crédibilité soit entamée, que leur hiérarchie les juge fragiles, ou que leurs collègues les voient différemment. Pourtant, les données montrent que plus de 80 % des salariés ont déjà pleuré au travail au moins une fois. Ce n’est donc pas un événement marginal, mais une réalité humaine largement partagée.

Le cycle émotionnel de surcharge : comprendre la mécanique invisible

L’envie de pleurer au travail est souvent le dernier stade d’un cycle émotionnel précis, qui commence bien avant les larmes.

Ce cycle se décompose en quatre phases :

  • La phase silencieuse : Le stress augmente lentement : surcharge, injonctions contradictoires, manque de reconnaissance, fatigue. À ce stade, le corps encaisse.
  • La phase d’hypervigilance : Le système nerveux s’emballe. Tout semble plus lourd, plus agressif, plus personnel. On réagit plus vite, on prend les mots davantage à cœur.
  • La phase de saturation : C’est le moment où la moindre réflexion, la moindre stimulation peut devenir celle « de trop ». L’émotion enfouie remonte d’un coup : boule dans la gorge, tremblements, jambes molles, respiration courte.
  • L’effondrement émotionnel : Les larmes arrivent, souvent malgré une résistance intense. Ce n’est pas un échec, mais un mécanisme de régulation : le corps tente de revenir à l’équilibre.

Comprendre ce cycle change tout : cela permet d’intervenir plus tôt, avant que l’étape 4 ne soit atteinte.

Comment gérer l’envie de pleurer quand elle arrive ?

Les conseils qu'on va vous donner sont concrets et efficaces pour favoriser un vrai apaisement. On ne cherche pas seulement à « retenir », mais à reprendre le contrôle sans violence envers soi-même.

Reprendre la main immédiatement

S’isoler quelques minutes, marcher, respirer profondément, écrire ce que l’on ressent, se passer de l’eau froide sur le visage ou simplement fermer les yeux quelques secondes. L’objectif n’est pas de cacher son état, mais de faire redescendre la tension physiologique.

Rétablir le calme intérieur

La respiration abdominale est particulièrement puissante : inspirer lentement en gonflant le ventre, expirer plus longtemps que l’inspiration. Cette technique ralentit le rythme cardiaque et apaise le système nerveux.

Dédramatiser l’instant

Penser aux jugements supposés aggrave l’émotion. En réalité, la majorité des collègues a déjà vécu la même chose. La bienveillance est plus répandue qu’on ne le croit.

Et si l’on craque malgré tout ?

Pleurer au travail n’est jamais agréable, mais cela ne signifie pas que l’on est fragile. Les études montrent que les larmes permettent de relâcher une tension trop forte et de repartir plus léger. Le plus important est d’écouter ce que l’épisode révèle. Ignorer ce signal revient à alimenter un cercle qui se répétera.

On peut aussi choisir d’en parler à quelqu’un de confiance ou à un supérieur si la situation le nécessite. Une simple discussion peut parfois désamorcer une situation bloquée et ouvrir la voie à des améliorations organisationnelles.

Faut-il avoir honte de pleurer au travail ?

Non. Pleurer est un mécanisme humain fondamental. C’est une manière de dire que quelque chose doit changer, soit dans notre environnement, soit dans la façon dont on le vit. C’est aussi parfois le premier pas vers une prise de conscience ou vers un changement professionnel nécessaire. Ce qui devrait être considéré comme non-professionnel, ce n’est pas le fait de pleurer, mais de maintenir des conditions de travail qui mènent systématiquement les salariés à bout.

Quand les larmes parlent à notre place, il est temps d’écouter

L’envie de pleurer au travail n’est jamais un hasard. C’est un message du corps, une réaction normale à une pression anormale, un symptôme d’un cycle émotionnel arrivé à saturation. Plutôt que de se juger, il est essentiel de comprendre ce qui s’exprime : fatigue, surcharge, incompréhension, perte de sens, tensions relationnelles, accumulation d’émotions non dites.

Les larmes deviennent alors non plus un signe de faiblesse, mais un indicateur précieux, celui qui invite à se recentrer, à demander du soutien ou à réévaluer ce qui ne va plus. Le vrai professionnalisme, au fond, consiste peut-être à reconnaître que l’humain ne reste pas à la porte du bureau.

Ayoub Zero profile picture

Ayoub Zero

Lire plus

Plume plutôt posée qu’angoissée, s’intéresse à la pression et aux stress du quotidien quand elle pointe le bout du nez.
Il note un moment précis, lit la recherche liée, décortique chaque donnée utile.
Il teste ensuite : balle en liège, minuteur respiratoire, carnet de gratitude, objets simples, verdict approuvé.
Son credo : transformer la théorie en gestes concrets, rapidement applicables.
Textes courts, conseils pratico-pratiques, ton léger ; l’idée reste la même : montrer qu’alléger la tête peut tenir dans trois actions bien choisies.

Laisser un commentaire

Les commentaires doivent être approuvés avant de s'afficher


Revenir en haut