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Ils luttent déjà contre leurs troubles. Aujourd’hui, ils doivent aussi se battre pour trouver leurs médicaments. En France, la pénurie de psychotropes prend une tournure inquiétante. Depuis des mois, des patients atteints de troubles psychiatriques se retrouvent sans traitement, ou contraints de modifier leur protocole du jour au lendemain. Un bouleversement qui peut, littéralement, les faire replonger.
Angoisse, instabilité, effets secondaires violents
On m’a dit : il n’y en a plus. Et là, j’ai paniqué.
Comme Sébastien, sous quétiapine depuis des années, de nombreux malades vivent un stress intense à chaque passage en pharmacie. Certains témoignent d’effets secondaires lourds après un changement de formule, d’autres d’interruptions de traitement aux conséquences dramatiques : insomnies, dépression, rechute sévère…
Des soignants à bout, des familles en détresse
Pour les professionnels de santé, cette situation devient insupportable. Le Dr David Masson, psychiatre, alerte : Ce sont des traitements de fond, indispensables. On assiste à des rechutes qu’on aurait pu éviter. C’est révoltant.
Les familles aussi doivent s’impliquer, parfois en cherchant elles-mêmes une pharmacie ayant du stock, tout en veillant sur un proche fragile.
Pourquoi ça bloque ?
La réponse est complexe : production délocalisée, marges trop faibles pour les laboratoires, ruptures de chaînes logistiques… Résultat : en 2025, alors que la santé mentale est déclarée grande cause nationale, l’Agence du médicament a déjà signalé plus de 15 tensions ou ruptures sur les psychotropes les plus courants.
Des solutions, mais pas pour tous
Interdiction d’exportation, prescriptions restreintes, préparations magistrales en pharmacie… Des mesures ont été prises. Mais elles restent partielles. Certains patients doivent attendre plus d’une semaine pour recevoir leur traitement, parfois sous une forme moins stable. Une charge mentale en plus, pour eux comme pour leurs soignants.
Une urgence invisible
Ce que révèle cette crise ? Qu’en matière de santé mentale, l’équilibre est souvent précaire. Et qu’au-delà des chiffres, ce sont des vies qui vacillent. Celles de personnes qu’un comprimé maintenait à flot… et qui, aujourd’hui, luttent contre une double peine : leur trouble et l’absence de solution.