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Derrière un simple coup de fil, une anxiété bien réelle. Au Japon, une génération entière de jeunes travailleurs rechigne à décrocher le combiné. Et ce n'est pas une manière de parler : certaines démissions auraient même pour origine cette anxiété du téléphone fixe. En cause ? Un fossé générationnel creusé par l’essor d’Internet, des smartphones et des messageries instantanées.
Le quotidien japonais Asahi Shimbun s’est penché sur cette "anxiété du combiné" qui frappe les jeunes nés après les années 2000. Pour eux, le téléphone fixe relève presque de l’objet inconnu. Certains n’y touchent pour la première fois que le jour où ils démarrent dans le monde du travail. Et l’expérience peut être brutale.
Moeko Ono, psychologue du travail, explique que les "natifs du numérique" sont déstabilisés par l’appel vocal : pas d'image, pas de contexte, pas d'indices visuels sur l'interlocuteur. La conversation devient une épreuve, surtout quand un silence s’installe. Ce qui est rattrapable par un sourire ou un regard dans une discussion face à face devient ici un grand vide.
Des entreprises à l'écoute
Les entreprises, elles, tentent de s'adapter. Certaines externalisent les appels à des prestataires, d’autres misent sur des IA ou la formation au dialogue vocal. Car la démission d’un jeune employé n'est plus une simple anecdote : dans un Japon où la main-d'œuvre se raréfie, chaque départ compte.
Et le Japon n'est pas seul. Une enquête britannique montre que 57 % des 18-25 ans refusent de répondre aux appels de leurs parents. Le malaise est mondial, et il pose une question de fond : et si, demain, plus personne ne voulait parler au téléphone ?